France, 1907 : Façon de s’amuser en courant les cabarets et les filles. Aller en vadrouille, chercher dans un état de demi-ébriété les aventures plus ou moins malpropres. La vadrouille est un balai fait de cordages avec lequel on nettoie le pont des navires ; elle traîne par conséquent dans l’ordure.
Bien différente de cette vie d’héroïsme crapuleux, la bohème factice de Murger, cette école buissonnière des enfants prodigues de la bourgeoisie. Adaptée aux convenances particulières de l’étudiant, elle est devenue la vadrouille. Ici le désordre est prévu et la folie réglée. S’enivrer sans presque boire, à force d’agitation et de bruit ; se trouver régulièrement démuni les derniers jours du mois ; promener partout sa turbulence des nuits de fête ; gémir sur la sobriété et le calme qui les suivent ; autant de procédés romantiques de duper la galerie et de se duper soi-même. Ostentatoire et avisée, la vadrouille satisfait ainsi les instincts à la fois vaniteux et cupides de notre race.
(Joseph Caraguel)